Faire une requête en relevé de forclusion : comprendre et agir efficacement

Le relevé de forclusion est une procédure spécifique du droit français qui permet à une personne, sous certaines conditions, de demander à être réintégrée dans un délai légal après en avoir été exclue. Cet article vous explique en détail ce qu’est le relevé de forclusion, ses conditions d’ouverture, la procédure à suivre et les conséquences de cette action. En tant qu’avocat, je vous apporte mon expertise pour vous aider à mieux appréhender ce sujet complexe et vous donner les clés pour agir efficacement.

Qu’est-ce que le relevé de forclusion ?

Le relevé de forclusion est une procédure juridique qui permet à une personne, qui a été privée du bénéfice d’un droit ou d’une action en justice en raison du non-respect d’un délai légal ou réglementaire, de demander au juge l’autorisation de réintégrer ce délai. Il s’agit donc d’une mesure exceptionnelle qui vise à remédier aux conséquences néfastes d’une forclusion (c’est-à-dire l’extinction d’un droit) pour des motifs légitimes.

Cette procédure est prévue par l’article 2241 du Code civil qui dispose : « La demande en relevé de forclusion n’est recevable que si celui qui l’exerce prouve soit qu’il a été empêché par la fraude de celui contre lequel il se pourvoit, soit qu’il a été dans l’impossibilité d’agir par suite d’un obstacle insurmontable résultant de la force majeure ou d’une cause étrangère non imputable à sa propre négligence ou faute. »

Les conditions d’ouverture du relevé de forclusion

Pour être recevable, une demande en relevé de forclusion doit remplir plusieurs conditions :

  • L’existence d’un délai légal ou réglementaire : la forclusion doit résulter du non-respect d’un délai prévu par la loi ou un règlement. Il peut s’agir, par exemple, du délai pour contester un licenciement devant le conseil de prud’hommes ou encore du délai pour exercer un recours devant une juridiction administrative.
  • La forclusion : le demandeur doit être effectivement exclu du bénéfice du droit ou de l’action en justice en raison du dépassement du délai légal ou réglementaire.
  • Le motif légitime : le demandeur doit justifier que la forclusion est due à un motif légitime, c’est-à-dire une cause étrangère non imputable à sa propre négligence ou faute. Il peut s’agir, par exemple, d’un cas de force majeure (telle qu’une catastrophe naturelle), d’une fraude commise par la partie adverse ou encore d’un obstacle insurmontable rendant impossible l’exercice du droit ou de l’action en justice.

Il est important de souligner que la simple ignorance du délai légal ou réglementaire ne constitue pas un motif légitime permettant d’obtenir un relevé de forclusion.

La procédure de relevé de forclusion

La demande en relevé de forclusion doit être formée devant le juge compétent pour connaître du droit ou de l’action en justice dont le demandeur a été privé. La procédure varie selon la juridiction saisie :

  • Devant les juridictions civiles (tribunal de grande instance, tribunal d’instance, conseil de prud’hommes) : la demande en relevé de forclusion doit être introduite par voie d’assignation, c’est-à-dire un acte d’huissier qui informe la partie adverse de la volonté du demandeur d’obtenir un relevé de forclusion.
  • Devant les juridictions administratives (tribunal administratif, cour administrative d’appel) : la demande en relevé de forclusion doit être présentée par voie de requête distincte et motivée, accompagnée des pièces justificatives nécessaires pour établir le bien-fondé du motif légitime invoqué.

Le juge saisi examinera ensuite les conditions d’ouverture du relevé de forclusion et statuera sur la demande. S’il estime que les conditions sont remplies, il accordera le relevé de forclusion et réintégrera le demandeur dans le délai légal ou réglementaire initialement prévu. Dans le cas contraire, il rejettera la demande.

Les conséquences du relevé de forclusion

Si le juge accorde un relevé de forclusion, cela a pour effet de rétablir le demandeur dans ses droits et lui permettre d’exercer l’action en justice ou le recours qui lui était initialement ouvert. En pratique, cela signifie que le délai légal ou réglementaire à respecter pour agir recommence à courir à compter de la décision accordant le relevé de forclusion.

Toutefois, il convient de préciser que l’octroi d’un relevé de forclusion n’a pas pour effet d’annuler rétroactivement les conséquences de la forclusion. Autrement dit, si des actes juridiques ont été accomplis pendant la période de forclusion (par exemple, une saisie immobilière), ces actes restent valables et ne peuvent être remis en cause par la suite.

Enfin, il est important de noter que le rejet d’une demande en relevé de forclusion peut être contesté devant une juridiction supérieure (cour d’appel ou Conseil d’État) dans les conditions habituelles de recours contre les décisions juridictionnelles.

Le relevé de forclusion est une procédure exceptionnelle qui permet, sous certaines conditions, à une personne privée d’un droit ou d’une action en justice en raison du non-respect d’un délai légal ou réglementaire, de demander au juge l’autorisation de réintégrer ce délai. Cette mesure vise à protéger les justiciables contre les conséquences néfastes d’une forclusion pour des motifs légitimes. Toutefois, il convient de souligner l’importance de respecter les délais légaux et réglementaires en matière juridique afin d’éviter, autant que possible, de recourir à une telle procédure.